26 avril 2024

TCHAD : le pouvoir est entre les mains des frères Deby

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Abdelkerim et Mahamat succède leurs pères Idriss Déby Itno, après sa mort. Les deux détiennent le pouvoir dans la ville de Tchad, N’Djamena. Deux frères qui brillent de différentes manières. Leurs régimes font crainte au peuple. Trouveront-t-ils une autre stratégie que celles de leurs pères ?

Idriss Déby Itno, l’ancien président du Tchad est décédé le 18 avril dernier. De ce fait, son fils, Mahamat Idriss Déby, âgés de 37 ans, le remplace. Des élections ont eu lieu le 2 mai, pour former les membres du gouvernement de transition. La plupart des nommés semblaient tendus, tandis que les expérimentés n’ont pas vraiment eu d’inquiétude.

Mahamat observe et analyse depuis son arrivée au pouvoir. Il est sous pression à l'échelle internationale. Mais aussi, l’opposant voit la situation comme un coup d’état familial.

 A cet égard, il a écouté ses visiteurs. Les généraux lui ont rappelé les impératifs de sécurité. Et les diplomates lui ont discuté d’engagements internationaux. « Fidélité », « ouverture » et « dialogue », ont été les 3 mots que les hommes politiques lui ont adressés. Pendant son rendez-vous, il a précisé que le Tchad n’a pas l’intention de rappeler son contingent du G5 Sahel et un dialogue aura lieu tout au long de la transition. Ensuite, il a rappelé que les élections démocratiques seront au plus tard dans 18 mois.

Mahamat ne traîne pas

Une petite présentation s’est tenue, le 6 mai dernier durant laquelle le premier ministre Albert Pahimi Padacké, surnommé « Kaka » a indiqué que son équipe tend vers le succès pour un Tchad uni, stable et en paix. Depuis la nomination de celui-ci, Mahamat s’entretient souvent avec lui.  Le fils de Déby a pris la parole le jour même du 6 mai en favorisant le « vivre-ensemble », ainsi d’assurer la sécurité.

Selon un ministre, le nouveau chef d’Etat ne traine pas. « Chacun de nous a l’obligation citoyenne de se mettre rapidement au travail pour préparer la tenue d’élections démocratiques à l’issue des 18 mois de transition », a dit Mahamat Idriss durant son discours. Puis, les ministres se sont réunis sur le perron du palais.

L’autre fils d’Idriss à pied d’œuvre

Un autre fils d’Idriss Déby avec Hadjé Halimé, nommé Abdelkerim Idriss Déby, 30 ans, est à pied d’œuvre. Il a suivi des formations à l’académie américaine de West Point et a eu son diplôme en 2014. Quant à Mahamat, il a fait ses études dans l’école interarmées de la capitale tchadienne.

Si Mahamat se trouve au sommet de la transition, son demi-frère Abdelkerim en est à la base ouvrière. Il est aussi considéré maintenant comme le patron du palais présidentiel.

 Abdelkerim en tant que directeur adjoint n’occupe pas le bureau principal. Mais il travaille à 300 mètres de ce bâtiment qui regroupe le secrétariat général et le cabinet civil. Il était déjà ministre des affaires étrangères puis devenu le bras droit de son père Idriss Déby Itno. Mais nul ne doute de son influence. Les hommes d’affaires et les diplomates font appel à lui pour avantager les intérêts de leurs entreprises. Selon un businessman, « Abdelkerim a un meilleur carnet d’adresses que son frère, en particulier en France et au Proche-Orient ».  

Kaka et Abdelkerim sont les gardiens du temple. Selon l’information de leurs proches, Kaka assure la sécurité et la défense tandis que Abdelkerim s’occupe de la politique et les affaires.  Les 2 se donnent quotidiennement rendez-vous pour discuter leurs stratégies. Ils ont tous les 2 le même objectif, c’est de rassurer l’organisation d’élections face à la transition.

Exigences de l’application de sanctions

D’un côté, nombreux sont les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaines et des partis opposants à N’Djamena qui ont demandé l’application de sanctions contre la montée de Mahamat Idriss Déby au pouvoir. Mais cela n’a pas réussi. Mais de l’autre côté, la diplomatie de Mahamat et d’Abdelkerim ne pourra pas apaiser les inquiets.

La transition dirigée par Kaka accouchera-t-elle d’une succession familiale ? Telle est la question car les manifestations ont été réduites par la police. Rien n’a vraiment changé depuis la mort d’Idriss Déby, remarque un diplomate. Il y en a qui pense d’après ce dernier, que le 6ème mandat d’Idriss Déby sera continué par ses fils. Désormais les 6 ans se joueront en 18 mois. 

Santie

Crédits photos : Le Tchadanthropus-tribune