27 avril 2024

Biens culturels africains : réparation de l’histoire d’un pillage à travers la restitution

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La restitution des œuvres d'art et des biens archéologiques africains est une question délicate dans les relations entre le Nord et le Sud. Les anciennes puissances coloniales détiennent encore une grande partie du patrimoine culturel de l'Afrique.

L'initiative de restitution a été lancée par le Président français Emmanuel Macron lors de son discours de novembre 2017 à Ouagadougou (Burkina Faso). Auparavant, le Président avait qualifié la colonisation de « crime contre l'humanité », ce qui lui a valu des critiques de la part des conservateurs sur la scène politique. Dans cette optique, le pillage des biens archéologiques constitue l'un des crimes de la colonisation. La question qui se pose maintenant est la portée de cette restitution dans le but d'établir une justice historique.

La France est le premier pays colonisateur à entreprendre un processus de restitution. Les autres anciens spoliateurs commencent progressivement à suivre son exemple. Les Anglais, les Allemands et les Belges réfléchissent à la manière de restituer aux Africains leur patrimoine culturel exproprié. Selon l'historienne de l'art française Bénédicte Savoy, plus de 500 000 pièces se trouvent dans les grandes collections publiques européennes. Elles se répartissent comme suit : 69 000 à Paris, 75 000 à Berlin, 140 000 à Bruxelles, 69 000 à Londres. La Suisse vient de restituer une partie d'une statue de Ramsès II à l'Égypte, une relique vieille de 3 500 ans. Le pays des Pharaons est particulièrement touché par le pillage et la destruction de ses sites archéologiques.

Le débat sur la restitution des objets d'art africains remonte aux années 1970, à la suite de la décolonisation. La question s'est posée après les demandes des pays nouvellement indépendants de récupérer leur patrimoine culturel. Cependant, les pays européens ont ignoré ces demandes en invoquant l'inaliénabilité des biens publics. Néanmoins, à mesure que les dynamiques politiques et économiques évoluent, la nécessité de réparer les crimes du passé devient de plus en plus évidente.

Crédit photo : Life Arts Gallery