2 mai 2024

Guerre Soudanaise : Les Conséquences Catastrophiques sur les Réfugiés au Tchad

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Depuis le début des hostilités à Khartoum, il y a trois mois, plus de 240 000 personnes ont quitté le Soudan pour se réfugier au Tchad, selon le bilan donné par l’ONU. Les autorités, les agences de l’ONU et leurs partenaires renforcent actuellement le nombre de refuges pour accueillir 35 000 réfugiés d’ici un mois.

Le conflit soudanais de 2023 est un conflit armé qui a débuté au Soudan le 15 avril 2023 entre l’armée au pouvoir dans le pays et les forces paramilitaires. Le Croissant-Rouge soudanais a indiqué dans un communiqué qu’au moins 180 corps sont enterrés chaque jour. Le conflit a déjà coûté la vie à plus de 1 800 personnes. Des affrontements ont éclaté dans tout le pays, principalement dans la capitale Khartoum et dans le Darfour, causés par deux généraux, Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, qui s'étaient alliés pour prendre le pouvoir après la chute d'Omar el-Béchir en 2019, déclenchant un cycle de violences entre leurs forces respectives. La destitution du dirigeant historique et autoritaire Omar el-Béchir avait suscité l’optimisme quant au retour d’un régime civil dans le pays. Cependant, deux ans plus tard, un coup d’État militaire a dissous le gouvernement civil de transition, provoquant des troubles politiques et économiques et ravivant les conflits intercommunautaires dans la région ouest du Darfour ainsi que dans les États du Nil Bleu et du Kordofan.

Crise humanitaire au Tchad

Plus de 240 000 personnes ont fui le Soudan depuis le début du conflit pour rejoindre des pays voisins tels que l’Égypte, la République centrafricaine, et surtout le Tchad. Et encore une fois, les arrivées se poursuivent tous les jours au Tchad, qui continue d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés soudanais qui ont dû quitter le pays. La ville frontalière d’Adré, avec ses 40 000 habitants, est devenue méconnaissable, engloutie sous un flot de plus de 120 000 réfugiés. Avec la coupure des échanges transfrontaliers, les prix ont triplé sur les marchés. Pour Adoum Mahamat Ahmat, coordinateur départemental de la Commission nationale d'accueil de réinsertion des réfugiés, la situation est explosive : « Les ressources d'existence telles que la santé, la nourriture, l'eau, les abris pour l'assainissement... Tous ces abris-là n'auront pas une capacité de réponse à cette population qui a doublé. » Il faut beaucoup plus de capacités, beaucoup plus de ressources, sinon la ville d’Adré, une petite ville frontalière de 40 000 personnes, va imploser et nous n'aurons plus la possibilité d’aider les autres arrivants.

Actuellement à Adré, cette petite ville enregistre l’installation de plus de 65 000 réfugiés. Elle a construit un camp de transit pour les réfugiés soudanais et les Tchadiens qui ont dû rentrer au Tchad. L’objectif est d’accueillir 35 000 réfugiés d’ici la fin du mois. Dans le camp, des abris précaires, bâtis pour l’essentiel de bâches et de tissus, s’étendent jusqu’à perte de vue. En plus des milliers de réfugiés qui affluent au Tchad depuis le déclenchement de la guerre, le pays accueillait déjà sur son sol plus de 400 000 réfugiés soudanais venus du Darfour entre 2003 et 2008. Les travaux des campements s’achèvent juste à temps pour recevoir le tout premier convoi de Soudanais en provenance de la frontière. Celui-ci se trouve à seulement 25 kilomètres, mais avec la saison des pluies, certains camions peuvent mettre jusqu’à deux jours pour les parcourir.

Au Tchad, jusqu’à 2 000 réfugiés soudanais arrivent chaque jour dans la ville frontalière d’Adré, à l’extrême est du pays. Les autorités locales lancent un cri d’alarme, car aujourd’hui, la ville est engloutie sous les tentes et les abris de fortune, et les services sociaux sont totalement débordés malgré la réponse des humanitaires. Laura Lo Castro, la représentante au Tchad au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, redoute que le personnel humanitaire, faute de ressources suffisantes, ne soit plus en mesure de répondre aux besoins de ces personnes.

Le gouvernement a donc été contraint d’allouer des terres pour l’édification d’au moins trois nouveaux camps. Si la crise ne se résout pas rapidement, des centaines de milliers de personnes supplémentaires seront forcées de fuir en quête de sécurité et d’une assistance élémentaire. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et ses partenaires estiment que le nombre de réfugiés et de rapatriés pourrait atteindre 860 000 d’ici octobre.

Crédit photo : DW